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1ère partie, savane présahélienne, (logone-Birni/Chari) frontière Tchad-Nord Cameroun

  • Germain MARTY
  • 16 mars 2016
  • 2 min de lecture

Dans les années 1960 je m'organise un grand voyage pour parcourir et découvrir la réserve

de waza nouvellement créée.

Équipé très légèrement, un seul pisteur est recherché et recruté pour cette expedition prévue d'une vingtaine de jours. Il portait le curieux nom d'Americana.

Expérimenté et pratiquant le braconnage depuis 20 à 30 ans il a été un compagnon initiateur formidable, attentionné et bon conteur.

J'ai admiré les immenses plaines jusqu'à l'horizon.

Les arbres acacias portant la friandise appréciée des girafes, les yaérés labourés par le passage des éléphants dont les hardes dépassaient quelquefois les 200 pachydermes, les milliers d'antilopes et le roi lion qui traversait son territoire.

Nous avons passé 3 semaines à marcher sous un soleil de plomb à économiser l'eau et suivre

des éléphants qui pouvaient parcourir 40 kilomètres par jour entre la nourriture du matin

et le gagnage du soir autour d'un point d'eau pour boire, se baigner et jouer.

Nous les suivions d'assez loin pour ne rien perturber.

Les dos en silhouette sur l'horizon semblaient être des dunes en mouvement, la réverbération

et le flou de la chaleur les faisaient apparaitre comme un mirage.

Très disciplinés sur l'appel de la matriarche la troupe se mettait en rangs, les petits bien encadrés par mères et tantes.

Quelques facétieux étaient rabroués parfois avec une tape par la trompe de la vieille femelle

qui ne permettait pas d'écart avant l'effort de la journée qui semblait nécessaire pour accomplir

la transhumance ancestrale et nécessaire pour la survie.

Americana m'offrait les approches jusqu'à s'incorporer au troupeau dans la poussière

et les barrissements, à l'heure où le vent ne souffle pas. Il tentait de me convertir au dialogue avec les animaux et me convaincre que chasse et mort

sont l'aboutissement des efforts et nécessaires pour le village.

Sous les nuits étoilées et la voie lactée, il essayait de m'apprendre son langage.

Le biltong et la galette de maïs partagés, je sombrais dans le sommeil.

Mes réveils dans la nuit me permettaient de constater sa vigilance, son attention.

Il entretenait un feu discret par de petites brindilles et quelques rebus d'arbres ramassés

à la nuit tombante.

Les étincelles jaillissaient écartant un court instant les insectes tournoyants.

Je percevais les sons de la savane souvent violents et inquiétants, dominés par le rugissement

du lion qui fait le tour de son territoire et exclure les envahisseurs, la folie et hargne des hyènes

qui se disputent une proie ou un reste, le barrissement lointain de l'élephant mâl qui

s'approprie la solitude... Les éclairs de chaleur illuminent la nuit.

J'ai revu, bien plus tard, Americana au seuil de sa mort, dans son saré, perdu dans la savane, et nous nous sommes remémorés les souvenirs de notre amitié.


 
 
 

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