Histoires d'éléphants 2e partie

Initié par les pygmées et les expériences entre Gabon, Congo, Tchad et Centrafrique, je me déplace souvent seul en savanes et forêts acceptant le risque de la solitude.

Cette fois je suis accompagné par un ami qui a un passé intéressant, nos conversations et échanges conviennent dans notre environnement de brousse.

Après une journée de marche sur l'équateur au Gabon, nous choisissons un emplacement pour installer notre bivouac précaire, au pied d'une petite dénivellation d'une courte savane bordée par des galeries forestières, sur le sable en bordure de mer, sans entraves jusqu'au Brésil.

Le sommeil nous a pris comme d'habitude dans une phrase inachevée. Réveil simultané environ 2 heures plus tard. Un besoin ? non, dans la lueur blafarde de la lune, nous regardons un immense éléphant qui chemine lentement dans la mousse des vagues de l'ocean qui se brisent.

Il s'éloigne tranquillement et nous retournons nous étendre sur la bâche, après avoir vérifié l'absence d'intrus, serpent, araignée ou scorpion ayant profité de la tiédeur des empreintes de nos corps pour s'installer.

Au petit matin, nous découvrons traces et empreintes qui permettent de reconstituer la scène de la nuit. L'éléphant est arrivé de la savane pour descendre sur la plage, le vent venant du large son odorat n'a pas décelé notre présence, arrivé au-dessus de nous il a senti notre odeur et sa trompe a probablement dessiné nos corps sans nous réveiller.

En reculant il a projeté un peu de terre et de sable sur nous, il est parti tranquille "ces hommes ne sont pas un danger".

Ses traces sont relevées à quelques mètres pour descendre sur la plage sans faire de bruit et nous effrayer...

Cette nuit nous l'avons vu calme, étrange dans son immense solitude, mais puissant et souverain dans le pâle clair de lune.

Nous les hommes avons ressenti communion et respect.