Histoire improbable de brousse (authentique)
- Germain MARTY
- 4 mai 2016
- 2 min de lecture

Me promenant avec un ami le long du Faro (grande rivière du nord Cameroun), nous regardions les nombreux Cobs de buffon au loin à l'abreuvoir et quelques antilopes roannes face à un groupe d'hippopotames qui semblaient d'humeur belliqueuse, soudain des aboiements d'un guib harnaché, étranges à cette heure de plein soleil, et presque plaintifs, apeurés. Etonnés, nous tentons une approche dans une marche lente, aussi silencieuse que possible sur les feuilles sèches en tapis recouvrant une terre dure de la saison sèche. C'est une grande femelle qui vient vers nous, s'arrête à quelques mètres en regardant fixement sur notre gauche. Nous découvrons un lion en postutre d'attaque à moins de 30 mètres, ce grand mâle n'a pas encore perçu notre présence, tous ses sens fixés sur sa proie. Ses muscles montrent son bond mortel. Je fais des gestes, attire son regard, il stoppe, secoue sa crinière rousse qui chasse les mélipones, nous regarde, indécis, et enfin se calme, se détourne et s'éloigne... Il semble souverain mais vérifie que sa fuite et son dépit n'ont pas été relevés par les Colobes qui s'agitent dans les arbres à distance respectueuse qui pourraient transmettre son échec et son dépit à sa tribu. Nous regardons le lion s'éloigner dans le lit asséché de la rivière dans une allure furtive à la recherche d'un ombrage touffu rafraîchissant, pour probablement une sieste prolongée, réparatrice (et oui qui dort... dîne). Le guib me regarde comme pour dire merci et s'enfuit dans les broussailles épineuses. Un mâle, bientôt, après ses appels triomphants, par ses coups répétés aux arbres de ses cornes, pourra la couvrir et perpétuer son espèce (magnifique petite antilope courageuse au port altier inféodée aux zones boisées le long des rivieres). Nous retournons à mon campement, heureux d'avoir vu et participé à cette séquence contre nature, pour boire une bière fraîche avant un repas préparé par mon cuisinier tchadien, sous les étoiles, dans les bruits de la nuit qui s'installe, propice à la méditation et pour figer dans son coeur ces souvenirs de brousse.
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