Aujourd'hui aperçu de " la plaine inondée " et sa forêt
- Germain MARTY
- 6 avr. 2016
- 2 min de lecture

Un immense coeur végétal palpite dans la forêt équatoriale, il faut marcher des heures dans l'humus un peu fétide, dans la boue, dans l'eau claire ou trouble pour, aidé par son imagination, commencer d'apprécier son environnement, absorber et entrevoir le mystique effacant la peur, l'angoisse pour laisser place au fatalisme et confiance mêlés. La mer de plantes et d'arbres est une palette des verts : vert bleu, vert de gris, vert émeraude, vert absinthe, vert jade ; les fleurs odorantes, grimpantes, les orchidées aux couleurs multiples. Les plantes aquatiques peuvent donner l'illusion d'un terrain stable seulement inondé mais c'est un piège de fonds visqueux parfois mouvant qui au passage laisse éclore des bulles et larves, sangsues qui s'agrippent. Quand la progression s'arrête les bruits de la forêt reprennent cours. Tout est sombre et humide, la canopée est fermée, le dôme des arbres invisible. Parfois une rumeur intense, des sons venus d'un autre âge... des chimpanzés au loin se chamaillent ou se disputent un territoire. A l'aurore, le daman attardé pousse un cri, il veut tromper la panthère qui le traque. Son cri informe qu'il descend quand il monte dans la protection des contreforts des arbres et lianes enchevêtrées. Savoureuse légende des hommes de forêt. Cette forêt est le domaine des dieux mystérieux. Tout est furtif mais l'homme subit le gigantisme de l'espace et du temps. La foret primaire n'est pas modifiée depuis les origines du monde et impose la modestie. Elle laisse place à une savane changeante soumise aux caprices des saisons. Arbustes et champignonnières noircies par les feux de saison sèche. La savane arborée retrouve son printemps derrière ces feux. Elle reprend vigueur et le conflit des couleurs au profit des verts en se hâtant d'envelopper d'un linceul les souches calcinées. L'eau est capricieuse libre ou prisonnière. L'eau des rivières s'enhardit à envahir la savane et rentre docilement dans son lit après la tourmente. L'eau des rembos trace des méandres paresseux entre des rivages imprécis de papyrus géants ou de palétuviers aux racines aériennes compliquées. L'eau des mangroves régule les trop pleins avec de majestueux élans vers l'ocean. La marque de l'homme est précieuse car rare. Sa rencontre abolie le temps... Quelques troncs de rebut noircis, une rangée de citronniers aux fruits jamais récoltés, un reste de hutte, les marques d'un layon, témoins fragiles des peines et rires passés. L'Afrique reste mystérieuse dans sa nature profonde, mais des villes se structurent avec des populations qui s'installent dans le moderne, c'est encore précaire, difficile, peu accèdent au confort et commodités, beaucoup de villages évoluent et certaines maladies s'éloignent... Il y a beaucoup à faire, la voie est tracée. Les hommes et femmes qui séjournent en Afrique encore authentique y trouveront le meilleur d'eux...
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